Rachel Levy est une artiste reconnue et en même temps très discrète. Elle se destinait à la peinture en entrant au San Francisco Art Institute en 1974. Mais très vite, la photographie s’est imposée et elle aura une carrière de photographe pour la mode, la publicité et la presse.
Depuis bientôt 20 ans, son travail se concentre sur le monde du végétal. Après ses Portraits de fleurs fanés et d’Iris, sa série « Composts » et sa série « Corps simples » en noir et blanc, elle explore inlassablement des voies nouvelles. Son travail récent nous prouve qu’un sujet a priori académique et très exploré mérite toujours que l’on s’y intéresse.
Un thème éternel : le bouquet de fleurs
Le bouquet de fleurs, autrefois symbole de vanité et de beauté éphémère dans les natures mortes classiques (voir les peintres hollandais au XVIIe), a évolué avec l’art moderne vers un exercice sur la lumière, la couleur et la matière.
Pour Rachel Levy, le thème du bouquet de fleurs s’est concrétisé à la suite d’un deuil. Ressentant le besoin de “faire quelque chose de la perte”, elle s’attaque au sujet des compositions florales.
D’abord en noir et blanc, elle photographie les fleurs sur un miroir comme si elles tombaient. Le résultat, reflet de ses sentiments, lui apparaît comme très triste, violent et brutal. Elle a alors l’idée de photographier comme derrière un voile les ombres portées des bouquets éclairés par la lumière directe du soleil. Une amie lui donne un vieux rouleau de papier de soie pour créer le voile. Les parties du bouquet qui touchent le papier de soie apparaissent en couleur, la trame du papier s’impose et les parties éloignées du papier deviennent des ombres.
En utilisant uniquement la chaude et puissante lumière du soleil, elle dispose d’une durée limitée pour réaliser ses clichés. En amont, elle cueille des herbes, des graminées et toutes sortes de fleurs.
La forme et la matière plus ou moins colorée et translucide des vases jouent aussi un rôle important pour l’effet de réflexion de la lumière et l’effet de distorsion des formes en ombres.
Si trouver un vase et quelques végétaux s’avère facile, la mise en scène et la captation de la lumière requièrent sensibilité, recherche et patience.
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques