Bluffés par sa puissance expressive, nous suivions l’artiste Catherine Ursin depuis des années,
En 2020, nous l’avions rencontrée pour la première fois suite à un formidable travail à quatre mains réalisé avec la photographe Vanda Spengler.
Nous avions également suivi avec passion son projet de cinq danseuses en métal.
Rendez-vous était pris depuis quelque temps pour qu’elle nous parle de son travail. Fin mai 2021, nous avons pu rencontrer cette artiste militante dans son appartement atelier !
Famille art brut et singulier
Après les Beaux-Arts à Angers, Catherine Ursin a travaillé comme indépendante dans l’infographie et la vidéo. Progressivement, la part artistique de son travail augmente. Elle créé ainsi des collages. Pour la presse et l’édition, elle réalise également des illustrations.
« Tout ceci s’est fait naturellement » nous confie-t-elle lors de notre visite dans son appartement atelier du 12ième arrondissement à Paris.
En 2003, Catherine Ursin expose ses créations au « Printemps des singuliers » à l’Espace Saint Martin à Paris. Cette exposition représente une étape importante dans sa vie d’artiste. Elle se sent immédiatement bien dans la famille de l’art brut et singulier et y occupe aujourd’hui une place très particulière.
Elle y exprime son indignation et sa lutte contre les violences faites aux êtres humains.
L'art comme acte militant
A la question de savoir quel est son pouvoir en tant qu’artiste, Catherine Ursin marque un temps d’arrêt avant de nous répondre.
” En fait, j’ai juste le pouvoir de faire réfléchir… de nos jours, nous vivons un moment où on réduit les espaces de paroles et de liberté. Créer est encore plus important, encore plus important mais aussi encore plus difficile “
C’est avec cette démarche que Catherine Ursin a créé son grand livre manifeste (125 x 214 cm fermé et 250 x 250 cm ouvert) «DIRE NON». Elle l’a réalisé pour l’exposition «Délires de livres» qui a lieu chaque année à Viroflay et qui présente des créations artistiques autour du livre.
” Cette œuvre a été créée pour l’édition 2018 de Délires de livres. C’était les 50 ans de mai 68 et je me suis demandé ce qu’on avait aujourd’hui d’important à revendiquer. Sans doute plus d’humanité “
C’est toujours avec cette démarche qu’elle a emmené ce grand livre lors de la manifestation « Les amoureux d’Aligre » qui a eu lieu le dimanche 2 mai 2021 Place d’Aligre à Paris.
Catherine Ursin aime autant créer visuellement que manier les mots. Son grand livre n’est pas seulement une œuvre visuelle, c’est également un texte fort. Ses slogans percutent et visent juste : à la manière des mots d’ordre de Mai 68, ils résonnent de façon universelle. Ses dessins s’animent et se balancent dans une chorégraphie expressive pour scander les slogans et battre la mesure.
crédit photos : Nicolas Daniel
Le corps pour expression
De façon magistrale, Catherine Ursin sait mettre en scène le mouvement des corps. Les corps qui souffrent, qui revendiquent, qui refusent et qui dansent.
” Je ne suis pas danseuse, mais j’aime la danse. Les corps des danseurs ont des formes et des mouvements qui m’inspirent. Ils ont des déformations intéressantes même si pour les danseurs se sont leur état normal ”
Dans la même logique, Catherine Ursin a réalisé une performance sur l’hystérie transmise sur Zoom. Cet évènement a donné lieu à des mouvements répétitifs qui ont eux aussi alimenté ses dessins. Catherine Ursin utilise à plein les corps comme expression artistique.
” Aujourd’hui, on nous interdit de nous toucher, aussi je fais évoluer mes dessins. Auparavant, les corps s’entremêlaient, se pénétraient mais maintenant je travaille sur des séries de dessins où les corps ne sont plus en contact les uns les autres. Ils flottent ou bien tombent, on ne sait pas bien. C’est à la personne qui regarde de décider “
Le dessin mais aussi le métal
Catherine Ursin est dessinatrice, peintre, autrice mais également sculptrice. En effet, l’artiste réalise depuis longtemps des œuvres en fer. Plus récemment, elle a créé des sculptures dans du métal récupéré sur des fûts d’huile. Elle nettoie les tôles, les découpe, les assemble et les soude pour réaliser des personnages.
Sa dernière réalisation est une superbe réussite. Il s’agit d’un groupe de cinq danseuses découpées dans de gigantesques fûts rouges. Il y a du chamanisme, de la sorcellerie, des danses premières dans cette composition. Et aussi de la féminité revendiquée.
Chaque danseuse mesure plus de 2 mètres. Elles sont soudées puis assemblées entre elles pour former une ronde. Arrimées par des fers à bétons dans le sol et de fins câbles, elles semblent à peine toucher le sol, dans leur ronde dansée, vitale et collective.
Ce travail a été un véritable projet sur un temps long et qui a nécessité des expérimentations pour un résultat absolument exceptionnel.
crédit photos : Catherine Ursin
Artiste de projets
Actuellement, Catherine Ursin travaille pour l’Université Lyon 3 (en partenariat avec la Sauce Singulière) où elle porte un très gros projet aux multiples volets artistiques.
Pour le resto’U, elle réalisera ainsi une fresque murale sur le thème de l’eau. Elle y fera également une installation temporaire (1er septembre au 28 novembre 2021) « la liberté ou la mort » inspirée de l’indépendance haïtienne. Elle y réalisera une performance artistique « Encore est un temple » et animera un atelier de création plastique pour les étudiants sur l’année universitaire 2021-2022.
En parallèle, Catherine Ursin prépare pour la 9BHN (Biennale Hors Normes), une exposition « vous êtes une fleur unique que le monde ne veut pas laisser vivre » qui se tiendra du 17 septembre au 28 novembre 2021.
Merci à vous deux et belle vie à votre site qui donne la parole aux artistes sous vos regards bienveillants…
merci Catherine pour votre soutien
Superbe mise en avant !
merci à vous, cela nous fait plaisir 🙂