Rebecca Campeau, artiste franco-brésilienne, commence sa carrière en dessinant et réalisant des objets d’arts en carton, tissus ou papier. En 1985, elle participe à l’aventure de l’Atelier des 3 Coups qui fait de la scénographie pour les expositions muséographiques et artistiques. Ainsi, elle collabore à plusieurs expositions ethnographiques au musée de l’Homme à Paris, et travaille avec Claude Levi-Strauss.
” Rencontrer Levi-Strauss a été pour moi un privilège. Son calme, sa gentillesse et sa disponibilité m’ont touché. Il avait une façon particulière de voir les choses. Grâce à lui, j’ai découvert de nouveaux matériaux comme des plumes, des noyaux de fruits ou des empreintes”
Cartons, textiles et tissage d'objets
Depuis cette rencontre majeure avec Levi-Strauss, Rebecca Campeau n’a eu de cesse d’intégrer dans ses œuvres une multitude de matériaux récupérés, détournés et transformés.
En effet, regarder une des grandes œuvres textiles de Rebecca Campeau, c’est y découvrir de nombreux petits objets recyclés en éléments d’art : des pièces d’anciens appareils photos, des pinces de crabes, des coquillages, des fermetures éclair, des soldats de plomb, des perles, du corail, des chaines, des épingles à nourrice dorées…
Rebecca Campeau chine, récupère, recycle, stocke tous ces objets dans son atelier de Belleville souvent pendant des années, avant de les utiliser.
” Parfois des personnes me donnent également des objets à incorporer dans les œuvres qu’elles m’achètent. La montre d’une mère, un ancien bijou de famille, des boutons de vêtements d’enfant… tous ces objets finissent par habiter mes œuvres “
Cabinet de curiosités et coulisses de théâtre 1900
” J’aime cette époque et je suis passionnée par les matières anciennes et les costumes. J’adore sauver les vieilles choses. J’ai tant vu disparaître de choses anciennes que c’en est triste”
” Ça grouille, ça grouille. Ils sont tous là. Ils se sont donné rendez-vous chez Rebecca Campeau. Debout, assis, sous des cloches scintillantes, enfermés dans des cages, la main dans la main, grandeur nature ou miniaturisés, hautains, fiers, amicaux, parfois indifférents…” Céres Franco, collectionneuse d’art singulier
Il n’y a pas que les matériaux et les objets qui foisonnent chez Rebecca Campeau. Son univers créatif déborde également de personnages peints, collés, cousus ou sculptés en tissus.
Entrer dans son atelier de Belleville est une expérience époustouflante tant ce dernier est rempli de milliers de visages, de trognes, de portraits, de femmes, d’hommes mais aussi d’animaux, comme dans un cabinet de curiosités ambiance fin du 19ième siècle ou début du 20ième .
On y découvre des personnages célèbres comme Van Gogh, Flaubert, Proust ou La Goulue (célèbre danseuse du Moulin Rouge et muse de peintres comme Toulouse-Lautrec), mais aussi une multitude d’anonymes.
Nous avons eu la chance de rencontrer cette formidable artiste dans son atelier et avons été marqué par son exubérante énergie.
Rebecca Campeau possède une énergie interne intarissable. Cette vitalité créative caractérise autant sa personnalité que son travail : des traits et points de broderie vifs et accérés. En fait, Rebecca Campeau ne s’arrête jamais ni dans la vie, ni dans ses créations !
Elle nous parle devant une de ses œuvres et en même temps la réajuste comme si elle était encore en train de la terminer !
Elle nous offre un café et des biscuits et en même temps rebranche une belle installation électrique de deux grands personnages en tissus !
On tourne la tête, et la voilà avec un marteau qui plante un clou pour y suspendre une œuvre qu’elle veut nous présenter !
Mais cette vitalité hors du commun n’écrase pas. Rebecca Campeau reste une femme discrète quand il s’agit de parler d’elle.
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques