Avec Art Basel, Paris redevient-elle capitale de l’art ?
Au mois d’octobre à Paris, l’art vit sa semaine folle. Au sommet de la pyramide du marché de l’art, Art Basel Paris éclaire la capitale à partir du Grand-Palais. Autour, de nombreux événements liés ou non à Art Basel se multiplient. Marchands d’art, galeristes et amateurs d’art s’agitent : cette profusion effervescente fait-elle de Paris une capitale incontournable de l’art ?
Marchand d’art, galeriste, foire internationale d’art, de quoi parle-t-on ?
Qu’est-ce qu’un marchand d’art ? Qu’est-ce qu’un galeriste ?
Rapidement, on dira que le marchand d’art achète pour revendre des œuvres d’art sur le second marché où circulent des œuvres d’artistes cotés qui ont été vendues au moins une fois auparavant.
Un galeriste, en relation direct avec les artistes, sélectionne et présente des œuvres au public.
Les deux métiers sont distincts sans être exclusifs l’un de l’autre puisqu’ un professionnel de l’art peut pratiquer les deux approches.
Pas de marchand d’art ou de galeriste sans marché de l’art !
En Occident, le marchand d’art apparaît durant la Renaissance entre Florence et Venise au sud et à Bruges au nord. Économiquement, pour que le marchand existe, il doit y avoir un lieu d’échange, un marché, qui s’articule autour de lieux de rencontre comme les foires. Le marché de l’art et les foires sont la conséquence du développement de l’accumulation d’objets d’art en collections d’apparat et cabinets de curiosités par des puissants (princes, politiques, gros négociants, bourgeois citadins). Longtemps limitées localement, les foires s’internationalisent au fil du temps.
Les foires d’art vraiment Internationales démarrent au XIXe siècle. Elles sont issues des salons artistiques où les artistes exposent pour trouver mécènes et acheteurs, puis évoluent progressivement en événements plus formels et internationaux, donnant ainsi naissance aux foires internationale d’art contemporain.
L’essor des foires Internationales d’art prend son essor au XXe siècle avec la création de Art Basel (ville de Bâle en Suisse) en 1970 et de la FIAC à Paris en 1974. Ensuite d’autres ses villes à travers le monde ont créé leur propre foire pour la découverte et la promotion d’œuvres d’art contemporain.
Évènement majeur du monde de l’art, les foires internationales d’art contemporain réunissent artistes, collectionneurs, amateurs d’art, marchands d’art, galeristes et passionnés de la culture du monde entier.
2022 : La FIAC hors jeu, Art Basel conquiert Paris
A Paris, la FIAC faisait partie des plus importants rendez-vous mondiaux. En 2019, elle avait attiré 197 galeries.
Mais coup de tonnerre à l’issue de la pandémie du Covid, à la suite d’un appel d’offres passé par le président de la RMN-Grand Palais, Art Basel déloge la FIAC : le Grand Palais choisit de faire confiance pour 7 ans au groupe suisse MCH, propriétaire de la plus importante foire du monde : Art Basel.
Selon le magazine Beaux-Arts Magazine de janvier 2022 : « il s’agit de conjuguer deux marques d’excellence, Art Basel et Paris, afin d’attirer plus de clients internationaux, plus de collectionneurs ».
Le culte du premium s’impose alors : en octobre 2022, le quotidien Les Échos rapporte ainsi les propos décomplexés d’un exposant : «Ce n’est pas plus mal. Art Basel a fait le ménage parmi une foule de mondains qui n’achetaient pas ».
Au cœur de bataille médiatique, la question du nom de la foire s’enflamme. Ce ne sera ni « FIAC » (RX la société gestionnaire de feu la FIAC s’y est oppose), ni « Art Basel Paris », le groupe MCH prétendant s’y refuser.
En octobre 2022, la nouvelle foire s’introduit sous le nom de Paris+ par Art Basel, mais en 2024, le nom Art Basel Paris s’impose. La marque Art Basel a-t-elle pris le dessus sur la marque Paris ? L’ogre avale Paris.
En 2025, la polémique est oubliée du grand public, la foire Art Basel Paris s’est imposée.
Segmentation, élitisme et VIP, les pilliers d'Art Basel Paris?
La puissante foire d’art contemporain, très élitiste, souhaite drainer une clientèle toujours plus internationale et fortunée. L’art et ses œuvres sont le support d’une politique commerciale fine et sélective sur le jour d’accès, le nombre d’accès, les avantages divers et variés dont la coupe de Champagne.
On démarre avec trois jours « Avant-Première » réservés aux VIP, suivis de trois jours pour le grand public. Selon Le Quotidien de l’art du 24 octobre 2025, les ventes spectaculaires ont marqué les journées d’avant-première. Le marché de l’art haut de gamme se porte bien !
L’entrée payante peut paraître chère, mais un spectacle remarquable de plusieurs heures est au rendez-vous ! 38 € pour une soirée de deux heures, 45€ pour une journée, 110 € pour l’après-midi de vernissage, 120 € pour un billet permanent sans coupe de champagne, 200 € pour un billet permanent avec une coupe de Champagne, 650 € pour un « Premium Pass », 1300 € pour un « Premium Connection Pass ».
Que voit-on à Art Basel Paris ?
L’édition 2025 rassemble 206 galeries venues de 41 pays. Sous la verrière du Grand-Palais, des professionnels de l’art proposent des accrochages et des mises en scène d’exception. Outre des créations contemporaines, vous croisez des œuvres d’Egon Schiele, d’Otto Dix, Picabia, Picasso, Matisse, Miró, Gauguin, Degas, Dubuffet, Andy Warhol… Lorsque vous allez au musée ou dans des expositions, vous connaissez la programmation, avec Art Basel Paris la surprise est réjouissante. Le spectacle est sur les murs et parmi le public : un délice de rencontres !
Les visiteurs internationaux sont nombreux, les allées résonnent en multilingue.
Pour l’occasion, l’avenue Winston Churchill est fermée à la circulation et transformée en espace terrasse verdoyante avec sculptures monumentales et food-trucks sympathiques entre le Grand-Palais et le Petit-Palais.
Avec cette profusion et son effervescence, Paris retrouve son statut de capitale incontournable de l’art !
Pour terminer, les cinq coups de cœur d’Artistes Actuels
- Les icônes dorées d’Étienne Chambaud, artiste français contemporain présenté par une galerie exicaine.
- Wall Blue Moor, 2024, huile sur cuivre 70 x 70 cm de Sean Scully
- Clean teeth, 2025, de Moffat Takadiwa, assemblage de têtes de brosse à dent, touches de clavier d’ordinateur, bouchons de tube de dentifrice et boutons de vêtement en métal, 140 x 188 x 10 cm .
- Le vase d’anémones de Matisse, huile sur toile de 1946 60 x 73,3 cm
- Jeune fille aux macarons, 1918, d’Amedeo Modigliani, huile sur toile 46 x 33,3 cm
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques
