José a passé son enfance à Arles. C’est en Espagne, d’où est originaire sa famille, qu’il goûte au plaisir de l’émotion suscitée par la création picturale : il se souvient avec nostalgie des escales familiales à Valence chez le cousin de son père qui était peintre. Il aurait voulu toujours rester assis auprès de lui, mais un gamin doit aller se coucher… et la destination des vacances se trouve à Murcie.
Cette escale annuelle savoureuse, rompue quand vient la nuit, explique-t-elle son besoin de dessiner le soir ? Comme pour retarder le moment de l’endormissement ?
José explique que dessiner lui permet de faire le vide, de chasser la peur de l’ennui et de la mort, la peur de sa nuit éternelle.
Energie du trait et chaleur des couleurs du sud
Dans son travail, José Guirao utilise principalement des crayons de couleur épais, un peu de crayon graffite et parfois de la peinture acrylique.
Le geste vif, profond et précis des crayons de couleur construit un enchevêtrement de personnage, d’animaux et de végétaux.
L’artiste répend son empreinte puissante et colorée sur le papier où prennent forme des univers enchanteurs avec des formes simples enchevêtrées, imbriquées avec cohérence.
L’inspiration lui vient de ses souvenirs d’enfance ou d’instants de vie mais aussi d’œuvres littéraires telles que Gargantua de François Rabelais ou l’Odyssée d’Homère.
Scorpions, orangers, atmosphères lourdes de chaleur et d’ombres
Cinéma expérimental et photographie ont été ses premiers modes d’expression. En 2015, il se concentre avec passion sur le dessin qu’il a toujours pratiqué.
De son atelier, il a une vue plongeante sur Paris. Mais le gris parisien ne se fixe pas sur son papier. Seules les couleurs vives s’incrustent.
La densité urbaine transparaît dans ses compositions où s’amoncellent beaucoup de détails et parfois des séries de maisons sur des fonds en aplats ou en traits croisés au stylo-bille.
Ses créations occupent l’espace : est-ce par peur du vide ou en réaction au manque d’espace ressenti dans le paysage urbain ?
Il a démarré récemment une série de dessins avec des scorpions, animaux qui l’ont terrifié enfant à Arles.
Les arbres majestueux qui prodiguent leurs ombres et leurs fruits dans la chaleur du sud apportent une note reposante. Mais les mains, les os et les ombres guettent et sont toujours prêtes pour rappeler que la nuit effrayante peut sonner la fin de la joie des couleurs.
Sans aucun doute, José Guirao est un artiste dit Singulier. Dès 2015, la revue Création Franche n°42 lui consacre un article, et en novembre 2020 la revue Track met en avant son travail.
Treize de ses dessins sont exposés en mai 2024 à la libraire de La Halle Saint Pierre grâce à Pascal Hecker, ancien libraire de l’institution.
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques