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Vanda Spengler, photographe de la chair brute

La photographe Franco-Suisse Vanda Spengler a grandi dans une famille qui s’est consacrée aux livres. Sa grand-mère est la romancière Regine Deforges et son père, Franck Spengler, est éditeur de livres érotiques.

C’est pourtant par la voie de l’image que Vanda Spengler a choisi de tracer son chemin. Très tôt elle se passionne pour le cinéma mais c’est par la photographie des corps qu’elle s’exprime.

Artistes Actuels l’a rencontré à deux reprises, toujours avec un artiste avec qui elle a collaboré : au printemps 2020 avec et chez Catherine Ursin, au printemps 2021 avec et chez Jacques Cauda

La photographe Vanda Spengler nous livre des photographies puissantes mais aussi une parole énergique, précise et décompléxée : à voir et à écouter !

photo qui représente Vanda Spengler adossée sur un coussin imprimé d'un dessin de Jacques Cauda
Un instant chez Jacques Cauda

Une "rétine acide" qui met à nus les corps

La vrai vie sans beauté normée et sans voyeurisme

Vanda Spengler photographie les corps. Les corps humains mais également les corps animaux. Les corps vivants, les corps blessés mais également les corps morts. Sa photographie se caractérise par un traitement très brut de l’image.

Le travail de Vanda Spengler crée sans cesse des continuums entre vie et mort.

Dans sa série « autoportraits pyromaniaques » la photographe déforme son corps et son visage par des brûlures de la photo. Elle apparait ainsi comme dévorée par une terrible maladie. Y est-elle vivante, malade ou morte ?

De même, elle photographie le handicap ou la blessure des corps humains avec par exemple un travail récurrent sur les cicatrices. C’est toujours cru mais sans jamais, nous semble-t ’il, tomber dans le voyeurisme.

Il en est ainsi avec la série « Pietàs profanes ». Les Pietàs sont un thème artistique de la peinture et la sculpture chrétienne où Marie est représentée pleurant son fils Jésus qu’elle tient dans ses bras après la descente de croix. Dans les pietàs classiques, le Christ est mort mais on sait qu’il va ressusciter.

Vanda Spengler s’inspire de ce thème et photographie par exemple un homme qui porte une femme nue, handicapée et enceinte. Cette image perturbe par l’ambiguïté qu’elle génère en mélangeant handicap lourd et maternité, mais c’est la vie qui gagne avec cette photographie.

C’est le même mélange ambigu entre vie et mort ou vie et douleur que l’on retrouve dans la série « Germes » avec par exemple cette très belle photographie d’un corps de jeune femme dont un sein fait apparaitre une énorme cicatrice. On sent que la mort a frôlé cette femme mais son enfant est là qui montre que c’est finalement la vie qui l’a emporté.

Mettre en scène et photographier l'humanité prédatrice

Vanda Spengler s’est également intéressée aux animaux avec sa série “Carcasses”. Elle y photographie des animaux morts, souvent dépecés et réduits à l’état de viande. Mais ces animaux viennent tout juste d’être tués car leur viande est encore chaude et rouge. 

Lorsque Vanda les fait apparaitre avec un corps nu d’homme ou de femme, c’est dérangeant mais cela ne nous force-t ’il pas à nous regarder comme les prédateurs que nous sommes ?

Ce rôle du prédateur ou du boucher est également questionné avec une superbe réinterprétation de l’œuvre « Le bœuf écorché » de Rembrand. Vanda saisit le dépeçage d’un sanglier après la chasse.

Une photographe qui fédére autour d’elle

De nombreux créateurs ne sont pas naturellement portés vers le travail en équipe craignant devoir accepter des compromis difficiles.

Vanda Spengler ne s’embarrasse pas de ces considérations. La photographe sait utiliser son  énergie d’artiste extravertie pour fédérer autour d’elle. Elle est ainsi à l’origine de plusieurs projets collectifs.

Une photographe qui déconfine l'art

En 2020, pendant le premier confinement, elle a par exemple ouvert ses photographies à des artistes visuels afin qu’ils créent des œuvres à partir de ses photos. Ces collaborations « confites » (car issues du confinement) ont abouti à une soixantaine de créations dont certaines très réussies (avec David Ortsman, Catherine Ursin, Jacques Cauda…)

Pour mettre en valeur ce travail collaboratif, Vanda Spengler a édité deux fascicules « Rétines Acides » à partir d’un choix d’une trentaine de peintures et dessins. Ce « fanzine » est un objet rare d’anthropologie artistique sur un moment où la vie culturelle du pays s’est arrêtée mais pas la création artistique.

Comment se procurer le fanzine "Rétines Acides", #1 et #2

Pour obtenir les deux fascicules, contacter l’artiste par email vanda.spengler@gmail.com

ou via Facebook : https://www.facebook.com/vanda.spengler.3

Les deux numéros vous coûteront 23€ frais de port inclus.

Si vous aimez l’art actuel, c’est une occasion pour soutenir la création actuelle ! En vous référant à Artistes Actuels, vous aurez une dédicace et un petit tirage surprise. A ne surtout pas manquer !

Extraits des collaborations confites entre Vanda et des artistes actuels …

La rédaction

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