François Jauvion est un artiste connecté à des centaines d’artistes, certains disparus et d’autres bien actuels et vivants.
Est-il collectionneur ? Est-il promoteur d’artistes ? Est-il conservateur ou archiviste pour un musée d’art singulier ?
L’art inspire l’art
Les artistes se sont très souvent inspirés du travail d’autres artistes. Ainsi, Picasso s’est perpétuellement nourri des grands maîtres. L’exposition « Picasso et les maîtres », au Grand Palais en 2008, mettait en miroir ses tableaux avec ceux de grands maîtres tels Titien, El Greco, Velázquez, Goya, Delacroix, les impressionnistes et beaucoup d’autres.
D’autres artistes ont même directement travaillé sur des reproductions d’œuvres de leurs pairs pour les transformer, comme Lydie Arickx avec sa suite de « Portraits de famille » peints sur des photos de portraits de maîtres flamands (exposés au château de Biron en 2018).
Artistes collectionneurs ou promoteurs d’artistes
Certains ont été collectionneurs d’artistes qu’ils aimaient. Ce fut le cas de Jean Dubuffet qui légua sa collection d’artistes d’art brut à la ville de Lausanne à l’origine du Musée Collection de l’Art Brut de Lausanne. Ou encore, Michel Nedjar, un des fondateurs de l’Aracine, qui céda également sa collection au LaM de Villeuneuve-d’Ascq.
Si François Jauvion vit entouré des créations d’autres artistes, il est allé encore plus loin. En effet, il a créé plus d’une centaine de planches aquarelles qui chacune présente un artiste singulier qu’il aime. En 2020, avec le soutien de la Galerie Hervé Courtaigne, il a ainsi sorti un grand livre « L’imagier singulier de François Jauvion ». Aujourd’hui, il travaille à la préparation d’un second tome sur de nouveaux artistes.
Zoom sur François Jauvion
Nous avions rencontré François Jauvion à la Halle Saint Pierre à Paris à l’occasion de la sortie de son imagier et de l’exposition des planches de ce livre. Nous avions même pu visiter son atelier durant l’été 2020.
En 2021, c’est avec notre casquette Artistes Actuels que nous décidé de réaliser un reportage sur son travail, son atelier, ses inspirations, sa discipline de création… et la préparation du tome 2 de son imagier singulier.
François Jauvion a eu une première carrière de maquettiste indépendant. Il a ainsi réalisé pour des entreprises des véhicules, des trains, des animaux, des bâtiments…
Pourtant il a toujours souhaité se consacrer à l’art mais il ne regrette pas cette première vie professionnelle qui lui a apporté des compétences utiles et des revenus réguliers. « Dès l’âge de 18 ans, je me disais que je ne ferai que de l’art. Mais je crois que j’ai bien fait de passer par la maquette car cela m’a permis d’acquérir la liberté nécessaire pour créer ».
En effet, progressivement François Jauvion commence à créer des œuvres d’art en parallèle de son métier de maquettiste. En 2014 il participe au salon d’art contemporain MAC Paris et décide peu après de franchir le pas en arrêtant complètement les maquettes et en se consacrant entièrement à la création artistique. Il crée des boules de neige, des reliques, des horloges-sculptures puis d’impressionnants triptyques sonorisés.
D’une vie de modéliste-maquettiste à la vie d’artiste & Encyclopédiste de l’art singulier
En 2016, François Jauvion s’attaque aux planches de son «Imagier Singulier» qui occupe une place importante dans sa vie d’artiste. Il a en effet passé plus de 7000 heures de travail sur le premier tome !
» A la base, je suis un manuel, pas un dessinateur. Au début je n’osais pas choisir des couleurs franches mais j’ai fait des progrès depuis. Quand on travaille, on s’améliore toujours ! «
crédit photos : François Jauvion
L’imagier singulier, mode d’emploi
Pour réaliser une planche, François Jauvion se renseigne d’abord via internet sur l’artiste et sur ses œuvres. Si l’artiste est vivant, il essaie de le contacter pour discuter avec lui. Son objectif est de s’imprégner de son univers.
Chaque planche est identique dans sa construction avec au centre l’artiste (nue / nu) et tout autour son univers créatif. En bas de chaque page, François Jauvion a écrit un petit texte qui grâce à des renvois numérotés sur le dessin permet de comprendre le processus créatif de l’artiste.
Evidemment, les artistes sont très intéressés par la façon dont François Jauvion reproduit leur univers créatif, mais pas que… « Les artistes sont des personnes comme les autres en fait ! Certains hommes se soucient de la taille de leur sexe sur le dessin et certaines femmes sont exigeantes sur la couleur de leurs sous-vêtements ! ».
Pour le second tome de l’imagier, François Jauvion structure ses planches un peu différemment pour laisser plus de place aux œuvres des artistes. Le résultat est vraiment superbe : plus ample et encore plus généreux en formes et en couleurs.
En parallèle, il continue de travailler la matière avec en ce moment une série de modelages en terre pour des portraits d’artistes qu’il admire. « Le modelage, c’est la continuité de mon travail de modéliste, ça me fait retrouver l’atelier et ça me manquait ».
Création en "Jam session" du duo Klum-Klick
Le dessin, l’aquarelle, le modelage… est-ce tout ? Non ! François Jauvion a comme les chats plusieurs vies. Ainsi, il travaille avec l’artiste Laudac pour créer à quatre mains.
Le binôme artistique crée sous le nom de Klum-Klick des œuvres grand formats colorés et expressionistes. Leurs sessions créatives en « mode impro » peuvent durer 10 heures. Chez Artistes Actuels, on ne connait pas (encore) Laudac mais il parait que les deux artistes sont très différents (mais tout autant spéciaux !).
» Avec mon copain Laudac, on est comme les musiciens qui s’éclatent bien quand ils sont plusieurs. On n’hésite pas à recouvrir le travail de l’autre, on n’a pas d’égo donc ça marche bien «
Les tomes 1 et 2 de son Imagier singulier sont disponibles sur notre coin librairie
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques