Patricorel est un artiste Béninois né en 1990. Il a exposé au Togo, au Bénin et en France. Il a récemment réalisé une collaboration avec Mr Eazi, chanteur star nigérian. Il est représenté par la galerie Agama (Toulouse) qui assure sa promotion depuis 2018.
De nombreux collectionneurs internationaux s’intéressent à son travail et ont acquis ses oeuvres, notamment l’écrivain et ancien expert pour Christie’s, Pierre Amrouche. Armelle Malvoisin l’a remarqué comme un artiste à suivre de la nouvelle scène béninoise, avec un focus dans Beaux-Arts magazine (mars 2022). Artistes Actuels l’a rencontré dans son atelier à Cotonou.
L’art n’est pas un métier !
Enfant, Patricorel dévore les bandes dessinées que sa grande sœur ramène à la maison. C’est ainsi que son goût pour l’art a commencé.Après son bac, il cherche à aller dans une école d’art mais son père considère que « l’art n’est pas un métier ! ». Il s’inscrit alors en Histoire à l’université d’Abomey-Calavi à Cotonou tout en continuant à créer. En troisième année, il opte pour l’Histoire de l’art qui lui permet alors de mieux comprendre l’art Africain et l’art Occidental. Il découvre ainsi les œuvres de Jean-Michel Basquiat dont il se sent très proche. Après sa maitrise, il prend définitivement le chemin de la création artistique. L’étudiant Aureil Patrick Bessan devient l’artiste Patricorel.
Chercher son propre chemin artistique
Le jeune artiste traverse ensuite une période difficile où il vit de la création de petits objets de décoration. En 2014, il est sur le point de tout abandonner mais la perspective de laisser derrière lui des années d’efforts le pousse à s’accrocher et à poursuivre sa quête d’une singularité artistique.
» En histoire de l’art, on voyait les particularités de chaque artiste et c’est comme ça que j’ai compris qu’un artiste doit avoir sa signature artistique. «
L'art est une arme politique
Patricorel utilise l’art comme une arme politique : » Il y a beaucoup de personnes qui vivent des choses mais ne peuvent pas les exprimer, moi je le fais au travers de mon art. Les personnages de Patricorel n’ont pas de couleur. » Juger sur la base d’une couleur est une erreur. Nous sommes tous les mêmes « .
Ainsi, au travers de séries d’œuvres puissantes, Patricorel pointe du doigt les réseaux sociaux qui enferment, les migrants qui perdent la vie (série « les morts anonymes »), les enfants esclaves ou les animaux marins décimés par le fléau des sacs plastiques.
Patricorel aime créer pendant la nuit
Patricorel travaille dans un petit atelier de la banlieue de Cotonou. Bien que le confort y soit spartiate, l’artiste s’y sent bien. « Mon atelier est un bon endroit pour créer. J’y suis seul et cela me permet de bien travailler. »
Mais c’est le plus souvent la nuit que Patricorel crée. « La nuit, la ville est calme et j’avance plus vite. »
A propos de la galerie Agama
Du Royaume du Dahomey au Bénin contemporain
Patricorel, artiste politique, est fier du retour au Bénin des trésors du Royaume du Dahomey, restitués par la France.
Restitution des œuvres d’Abomey au Bénin
Il a visité de multiples fois l’exposition » Art du Benin « qui se tient au Palais de la Marina à Cotonou.
On y découvre les 26 trésors royaux récemment restitués aux côtés d’œuvres d’artistes contemporains du pays.
L’engouement des Béninois pour cette exposition qui leur rend leur fierté est exceptionnel. Toutes les générations font la queue pendant des heures. On vient parfois de loin en famille et en tenue traditionnelle.
Paricorel nous en parle avec émotion :
« Certains ont dit que le Bénin serait incapable de conserver ces œuvres. Pour ma part, je crois que les politiques du Bénin ont la capacité d’en prendre soin pour qu’elles demeurent dans le temps »
Ses personnages tourmentés et échevelés au destin tragique se déploient sur ses toiles ou sur des supports de récupération.
Si les décors ou les paysages des oeuvres de Patricorel sont parfois très colorés, ses personnages n’ont pas de couleur définie : ils sont universels car radiographiés au delà de la pellicule de peau.
Juger l’humain sur la couleur de peau est une erreur, nous sommes tous les mêmes !
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques