Fernand Michel [1913-1999] relieur d’art et collectionneur d’art a été un pionnier de l’art singulier avec ses « zingueries ».
Pour préserver son travail et sa collection d’art, ses deux fils Denys et Patrick MICHEL, ont créé l’ADABS (Association Développement de l’Art Brut et Singulier). L’association a construit un musée de 800 m2 en extension de la maison familiale rénovée. Ses achats réguliers d’œuvres et les dons d’artistes ou de collectionneurs lui permettent de constituer un fonds inédit.
Depuis 2016, le musée propose au public une collection permanente de plus de 2 000 œuvres, ainsi que des expositions temporaires. Patrick MICHEL, son directeur, nous a ouvert ses portes pour une visite guidée.
Histoire familiale autour des œuvres de Fernand Michel : Art Brut ou Outsider Art ?
Dès 1956, Fernand Michel capte la rouille et le temps imprimé sur le zinc pour réaliser des paysages. Puis il élargit ses créations avec des assemblages singuliers. Du fait de son métier de relieur d’art, la création artistique en autodidacte de Fernand Michel rentre-t-elle dans la définition « Art Brut » de Dubuffet ?
Quoiqu’il en soit, Alphonse Chave l’expose dans les années soixante dans sa galerie de Vence. Cette révélation le conduira à Paris à l’Atelier Jacob, puis à La Fabuloserie et au musée de la Création Franche à Bègles.
Singulier, visionnaire, alternatif, hors-norme, folk art, neuve invention...
La richesse créative est le mot d’ordre du musée de Montpellier. Elle mérite bien la richesse des adjectifs : Art Brut, Singulier, Visionnaire, Alternatif, Hors-norme, Folk Art, Neuve Invention , Marginal, Buissonnier …
Il ne s’agit par d’étiqueter pour enfermer mais de répertorier pour rassembler en un ensemble cohérent.
C’est ce que fait ce riche musée d’art au cœur de la métropole de Montpellier : il met en scène une communauté, une grande diversité de créatures sans se limiter à une forme ou style particulier.
Histoires d’icônes, histoire vivante d’art hors normes
La visite du lieu ouvre sur de multiples histoires, souvent tragiques, d’artistes malgré eux. Ce qui réconforte, c’est de sentir, grâce aux œuvres exposées, l’énergie et la puissance de vie dont sont capables les mains et l’esprit humain.
Le musée de Montpellier présente une très belle collection des « icônes historiques » de l’art brut. Mais, il ne s’endort pas sur la nostalgie. Son fonds grandit et chaque année plusieurs expositions d’artistes actuels enrichissent son regard .
En outre, le musée soutient réellement les artistes vivants en leur dédiant aussi un espace « dépôt-vente » : sur les œuvres proposées à la vente, le musée ne perçoit aucune commission, tout va directement dans la poche des artistes.
Il faut au minimum deux heures pour visiter pleinement le musée, l’idéal est de revenir régulièrement !
Un éden pour créatures outsiders
Les propos du collectionneur suisse Peter Bolliger s’accordent parfaitement avec l’univers du musée d’art brut, singulier et autres de Montpellier :
Ce qui, à mes yeux, rend l’art brut et l’art outsider si intéressants, c’est leur diversité. Il n’est pas limité par une forme d’art ou un style particulier et peut être comparé à un immense aquarium dans lequel une variété presque ingérable de créatures différentes vivent côte à côte et forment une communauté très spéciale et unique.
Peter Bolliger de The alternativ museum
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques