Le Château de Chambord accueille l’artiste expressionniste Lydie Arickx pour une exposition « Arborescences » qui célèbre la vie.
Lydie Arickx, une géante de l’art contemporain français
Lydie Arickx ne cesse de s’attaquer à de nouveaux défis toujours plus gigantesques que les précédents.
Hier, elle investissait le Château de Biron dans une exposition titanesque avec 500 œuvres exposées sur plus de 2000 m2. Aujourd’hui, l’artiste part à l’assaut du Château de Chambord pour une exposition d’exception « Arborescences » jusqu’au 17 octobre 2021.
” Et Lydie Arickx règne sur les hauteurs “
écrit le critique d’art Christian Noorbergen*
*in Artension, Hors série N°23 Mars 2018 : L’expressionnisme aujourd’hui
Même pas peur Lydie Arickx !
Chambord n’est autre que le plus vaste des châteaux de la Loire, au cœur du plus grand parc forestier clos d’Europe.
Il a été vraisemblablement inspiré par Léonard de Vinci afin de magnifier les principes architecturaux de la Renaissance. Il a été édifié entre 1519 et 1686 sous l’impulsion initiale de François 1er qui en a fait son relai de chasse. Un tel lieu est en lui même en mesure de tétaniser n’importe quel artiste… c’est sans compter Lydie Arickx qui y a vu au contraire un formidable défi à relever !
“Ceci n’est pas une exposition, ç’est une performance de chaque instant” nous dit l’artiste dans son discours de lancement de l’exposition. En effet, Lydie Arickx a créé, avec son conjoint Alex Bianchi et son fils César Bianchi, des peintures, sculptures et installations époustouflantes qui habitent le château de Chambord.
Deux sculptures monumentales sont présentées en extérieur. Il s’agit d’“Adam et Eve” en bois et béton. Elles ont pu susciter quelques réactions négatives en raison de leur ressemblance à des sexes. Yannick Mercoyrol, le directeur de la programmation culturelle, est d’ailleurs intervenu pour recadrer les esprits égarés en déclarant “la sculpture est plus complexe et profonde” qu’une œuvre qui serait “juste là pour choquer”. On l’en remercie ! (La Nouvelle République le 8 avril 2021).
L’art, depuis ses origines, magnifie la vie et malheureusement se heurte régulièrement à de la pudibonderie.
Notre époque est décidément paradoxale : d’un côté, tout y est mis à nu en permanence, et de l’autre on s’offusque de représentations artistiques symboliques !
En intérieur, ce sont plus de 150 créations qui occupent tout le second étage du château ainsi que la chapelle royale.
Exorciser la mort pour mieux célébrer la vie
Le travail de création de Lydie Arickx oscille constamment entre exorcisme de la mort et célébration de la vie.
Ainsi, “La fève” sculpture de 3 mètres 60 se regarde-t’elle de gauche à droite ou de droite à gauche ?
Et les fœtus dans leur poche amniotique, sont-ils vivants ou morts ?
De même, les corps humains entremêlés du Planetum, luttent-ils pour la vie ou ont-ils abandonné tout espoir ? Et pourquoi ces grandes fresques qui occupent les plus grands murs du château nous éclaboussent-elles de leur sang ?
Et ce gigantesque tableau (5,60m X 8,40m) qui recouvre et réinterprète le chef d’œuvre de Botticelli « Le printemps », célèbre-t-il vraiment une (re) naissance ?
Lorsqu’on demande à Lydie Arickx “Y a-t-il un plaisir, une nécessité de mettre sur la toile des sujets aussi durs ?”, l’artiste répond « je ne peux pas faire autrement » (in « Lydie Arickx, Oublier qu’on peint » éditions Gourcuff Gradenigo – interview par Yves Kneusé).
Lire aussi : Mikrokosmos magnifie Lydie Arickx
Lire aussi : Lydie Arickx dans son atelier
De la grotte Chauvet aux abysses
“Lydie Arickx est l’autre nom de l’artiste qui a peint il y a 30 000 la grotte Chauvet”.
C’est ce que nous disent Jean d’Haussonville, Directeur général du Domaine national de Chambord et Yannick Mercoyrol, Directeur du patrimoine et de la programmation culturelle du château de Chambord.
Il y a en effet une continuité entre l’art pariétal des hommes préhistoriques et l’art de Lydie Arickx. Ils luttent également pour leur survie. Ils célèbrent également la vie et exorcisent les esprits mauvais. Ils réalisent également des prouesses techniques réputées impossibles par leurs contemporains.
Le parallèle est flagrant quant on entre dans la pièce sombre, telle une grotte, pour admirer les sculptures luminescentes de Lydie Arickx (installation « Galaxie » en verre soufflé) ou lorsqu’on fait face aux grandes fresques presqu’abstraites de l’artiste (« Les origines » huile sur toile).
C’est le même souffle à des millénaires d’intervalle, le souffle de la vie pour exorciser la mort.
Lydie Arickx ne sait rien faire d’autre que cela ! Et c’est tout simplement éblouissant.
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques
Les sujets sont effectivement très durs, les oeuvres ne peuvent laisser indifférent. Les visiteurs les reçoivent par ailleurs dans ce lieu, où la chasse et sa cruauté sont très présents.
Merci, bien vu ! Château féérique propice aux contes (qui souvent cachent ou soulignent des cruautés) et habité par de nombreux trophées de chasse macabres.