Megumi Nemo, illustratrice japonaise et street-artiste, met de la poésie sur les murs de Paris.
Diplômée de l’Ecole supérieure des beaux-arts de l’Université de Joshibi à Tokyo, Megumi Nemo passe par le Setsu mode seminar, école fondée par Setsu Nagasawa (1917-1999, illustrateur). Cet atelier a formé des artistes comme les stylistes Rei Kawakubo (Comme des garçons) et Yoji Yamamoto, et des illustrateurs aujourd’hui connus au Japon.
Après la création de costumes de théâtre, elle se dirige vers l’illustration dont elle découvre toutes les ficelles en travaillant au sein du musée de Chihiro à Tokyo. Celui-ci se trouve dans l’ancienne maison de la célèbre illustratrice pour enfants, Chihiro Iwasaki (1918-1974).
Elle baigne alors dans l’univers des livres pour enfants et de la poésie. Elle y apprend également les techniques d’exposition en accrochant des oeuvres originales de grands artistes.
Comment Megumi a choisi Paris ?
C’est au sein du musée de Chihiro qui couvre le travail d’illustrateurs pour enfants du monde entier qu’elle se construit son identité graphique si particulière.
A cette époque, en parallèle de son activité de plasticienne, Megumi cultive une passion… pour le rock français et en particulier pour le groupe des « Têtes raides ». Elle décide alors d’aller en France pour les voir en concert! C’était en 2005 et depuis, Megumi n’a plus quitté la France où elle a construit sa vie.
Rencontre avec Megumi dans Paris
Jeudi 25 février, nous recevons un message de Megumi Nemo, artiste avec laquelle nous étions en contact depuis quelque temps : « J’ai plusieurs morceaux d’images qui peuvent composer et construire une grande image. Si je peux, j’aimerais bien essayer de coller rue des Cascades dans le 20ième. Mais on verra… avec l’ambiance du lieu ! Si ça vous dit, faites-moi signe. Megumi »
Cela faisait longtemps qu’on souhaitait voir Megumi en action sur les murs parisiens. Alors sans hésitation, nous avons pris RDV pour le dimanche suivant, rue des cascades à Paris, 20ième arrondissement.
Un style naïf et minimaliste
Megumi crée des illustrations, des découpages, des collages mais également de petits films d’animation, tout ceci dans un style naïf et minimaliste.De ses créations émanent la nostalgie de l’enfance.
Mais Megumi sait également aborder des sujets graves autour de l’enfance, de la nature, des animaux mais également de la lecture et de la musique.
Elle met en scène un petit garçon et une petite fille qui portent des tee-shirts rayés à manches longues. Il y a également plusieurs animaux, à commencer par un petit chien, mais également un taureau et des oiseaux.
Imaginaire de l'enfance
Chez Megumi, des jambes, des bras, des mains apparaissent souvent comme des « morceaux de corps ». Les mains sont des ailes d’oiseaux ou des fleurs jaunes dans un champs bleu.Ses couleurs de prédilection sont le bleu, le jaune et le rouge mais elle peut également créer en noir et blanc avec simplement une touche de couleur éclatante.
Parmi les nombreuses facettes du street art ou art urbain (qui s’exprime sous forme de peintures, fresques, collages, installations, photographies, affiches…), Megumi s’inscrit dans un street art poétique ou encore un street art de l’imaginaire. Elle y côtoie modestement des grands noms du street art comme Jerôme Mesnager, Pejac, Escif, Seth ou encore Bansky..
Le street-art de Megumi met de la poésie dans la ville
Megumi est actuellement soutenue par la Sway Gallery dans le 3ième arrondissement à Paris, galerie qui promeut des artistes japonais.
Elle a également réalisé plusieurs fresques pour des villes françaises comme sur plusieurs murs de Versailles ou bien dans un square au Pré-Saint-Gervais.
Lorsque Megumi a commencé à coller ses dessins dans Paris, elle a choisi le mur du 53 rue des cascades dans le 20ième arrondissement.
Inspiration et ambiance de rue
Elle aimait se promener dans cette rue qui l’inspirait. Elle y colla son personnage de petit garçon dans un bateau.
Lorsque la propriétaire de la maison rentra chez elle (après une semaine de vacances à la mer), elle fut conquise par la poésie des collages de Megumi et la contacta sur Instagram.Depuis la propriétaire la rappelle régulièrement lorsque l’œuvre s’étiole pour que Megumi en colle une nouvelle… et l’histoire dure ainsi depuis plusieurs années au fil de la météo !
Les passants sous le charme de la street artiste Megumi Nemo
Megumi prépare ses dessins chez elle sur du papier craft qu’elle peint à l’acrylique et qu’elle découpe avec une paire de ciseaux. Elle travaille ses assemblages sur le sol de son appartement puis met le tout dans un grand sac plastique, avec un pot de colle à papier peint et une brosse.
Selon la hauteur de ses collages, elle se sert d’un tabouret pliant qu’elle peut réhausser de plusieurs plaques de polystyrène.
Pendant ses collages, les passants s’arrêtent, discutent entre eux, prennent des photos, des vidéos… des jeunes, des vieux, des enfants, des femmes, des hommes, des couples, des familles… des liens fugaces se tissent autour de l’œuvre en construction.
Pour 10 secondes ou pour 10 minutes, les passants sont sous le charme de la poésie des collages de Megumi Nemo.
Crédit photos : Megumi Nemo
La rédaction
Plaisir et émotion des découvertes artistiques