Les bois flottées de Marc Bourlier
Rebecca Campeau, sculptrice textile
Megumi Nemo, street art poétique
Les artistes embarquent pour l’espace : de Robillard à INVADER
Quatre artistes engagés pour la cause LGBTQI+
Les créations d’art digital de Jérôme Oudot Trëz
Le bœuf écorché, de Rembrandt aux artistes actuels
Klum Klick, duo d’artistes singuliers
David Ortsman, l’inconscient écrit et dessiné
Non, l’art contemporain n’est pas dénué de sens !
Souvent l’art contemporain est considéré comme provocant et incompréhensible.
En effet, scotcher une (vraie) banane sur un mur et l’acquérir pour 120 000€, n’est-il pas de la pure provocation ? « The comedian », réalisée par Maurizio Cattelan et présentée à la foire d’art contemporain Art Basel à Miami par la galerie Perrotin, est assurément difficile à accepter en tant qu’œuvre d’art.
La banane de Maurizio Cattelan, provocation mais œuvre d'art
D’autant que “The comedian” n’est même pas unique car réalisée en cinq exemplaires… et qu’une des bananes a été décrochée puis mangée sur le stand de la galerie par un autre artiste, David Datuma !
Détruire une œuvre d’art de 120 000€, ça doit pouvoir se terminer par de la prison ferme ? Et bien non ! David Datuma a déclaré sur son compte instagram qu’elle était « délicieuse », le post a été relayé par le New York Times et au final, dans un geste (sans doute) purement artistique, la galerie Perottin n’a pas porté plainte.
Bref, la banane est entrée dans la légende et on dit que sa valeur sur le marché de l’art serait maintenant supérieure à 150 000€…
L’art n’a rien à faire du bon goût !
Soyons clairs, Artistes Actuels ne crie pas au grand n’importe quoi car nous savons que l’art est complexe et n’a rien à faire des catégories, des définitions et du bon goût !
“Le grand ennemi de l’art, c’est le bon goût” Marcel Duchamp
Des artistes visuels ont toujours bousculé les conventions
Gustave Courbet à l'épreuve de Facebook
Ainsi, Gustave Courbet a peint en 1866 « L’origine du monde » sur commande du diplomate Ottoman Khalil Chèrif Pacha et il a fallu attendre 1988 pour que cette peinture qui montre de façon réaliste le sexe d’une femme soit présentée pour la première fois au public. Nous voyons dans ces 122 ans d’attente tout le conservatisme d’une partie de la société. Cependant nous n’ignorons pas que face à des milliers de phallus en bronze et huile, le sexe féminin est encore aujourd’hui tabou. Il l’est pour Facebook dont les algorithmes ont censuré “L’origine du monde” en 2011. Il l’est également pour une grande partie du monde qui, voilant la femme, ne peut évidemment pas admettre d’en admirer sa vulve.
Objets du quotidien et gestes de vie
De même, Marcel Duchamp expose en 1917 un urinoir. Ce « ready-made », un simple objet manufacturé qui par le seul choix de l’artiste devient une œuvre d’art, bouscule durablement le monde de l’art et ouvre de nouvelles perspectives. Nous y voyons une réflexion déterminante sur ce qu’est une œuvre d’art.
En 1945, Jean Dubuffet baptise “Art brut” les créations artistiques des “marginaux”. Ce faisant, il leur reconnait l’appartenance au monde de l’art à une époque où seul “l’art savant” (à l’exception des naïfs) a le droit de citer. Dubuffet ne s’arrêtera pas là, puisqu’il saura lui même se nourrir de cet “Art brut” en devenant ainsi le précurseur d’une évolution artistique majeure.
Gestes revendicatifs
Lorsqu’en 1963, Niki de Saint Phalle tire avec une carabine sur une planche, elle exorcise les violences sexuelles dont elle a été victime enfant : « J’ai tiré : sur papa, tous les hommes, les petits, les grands, les importants, les gros, mon frère, la société… Je tirais parce que j’étais fascinée de voir le tableau saigner et mourir. À vos marques ! Prêt ! Feu ! ». Nous y voyons un geste artistique fort et intime.
Lorsque Yves Klein se jette dans le vide du haut d’un mur en 1960, son seul geste, immortalisé par une photo « Le saut dans le vide », devient une œuvre d’art. Nous y voyons la continuité artistique de l’œuvre du « peintre de l’espace » prêt à risquer sa vie pour son art.
En 1987, Andres Serrano crée « Piss Christ », qui prend la forme d’une photographie d’un crucifix immergé dans l’urine et le sang de l’artiste. L’œuvre fait défiler contre elle en 2011 un millier de personnes pour son retrait d’une exposition à Avignon. Elle est vandalisée peu après. Nous y voyons quant à nous, un écho au douloureux chemin de croix du Christ.
En 2015, Anish Kapoor présente dans les jardins du château de Versailles « Dirty Corner ». La sculpture monumentale évoque peut-être un vagin et déclenche les foudres des milieux « catholiques traditionalistes ». Elle aussi est plusieurs fois vandalisée. Nous y voyons une revendication féministe dans l’ancien lieu même du pouvoir masculin absolu.
Notre subjectivité comme guide
Alors oui, une banane scotchée est bien de l’art, même si (et parce que) notre bon sens est bousculé par le caractère éphémère de l’œuvre. Nous y voyons une réflexion sur ce qui fonde la valeur d’une œuvre d’art, en l’espèce son certificat d’authenticité et sa légende.
L'art contemporain que nous choisissons
Artistes Actuels choisit “l’art qui dévore la vie” qu’il soit violent ou poétique. Nous choisissons l’art des « barbares, des réfractaires, des résistants, des récalcitrants, et des durs à peindre (1)»
(1) Christian Noorbergen in Artension, Hors série N°23 « L’expressionnisme aujourd’hui »
L’art actuel que nous choisissons est également l’art des naïfs, des autodidactes et des singuliers ou encore l’art des poètes, des rêveurs, des imaginaires et des guérisseurs des douleurs de la vie.
Nous ne sommes guidés que par notre seule subjectivité d’amateurs d’art et de collectionneurs. A chaque fois, nous rencontrons les artistes et photographions ou filmons leurs œuvres.
Quel plaisir de les écouter et de les regarder travailler. Tout simplement, émerveillés.